Alors que la LFP et la FFF se déchirent sur le futur format de la ligue 1, une autre révolution a lieu du côté des féminines. En effet, à l’issu de la saison 2015/2016, le nombre de clubs représenté en D2 va drastiquement être réduit.
Afin de favoriser la compétitivité et la visibilité du foot féminin, la fédération va alléger le poids de la compétition et réduire le rapport de force. Actuellement, on compte 36 clubs en D2, dispatchés dans 3 poules de 12 équipes.
Normalement, à la fin du championnat, les 3 premières de chaque poule montent en première division et les deux dernières descendent en division d’honneur. Or, les dirigeants du foot français ont décidé de frapper un grand coup : à la fin de cette saison, ce n’est plus 3 clubs relégués mais 18 d’un coup.
L’idée est de passer d’un championnat à 36 clubs, d’un niveau extrêmement hétérogène, très difficile à suivre, avec une faible visibilité et un écart-type très important, à une ligue de 24 équipes, séparées en 2 poules de 12.
La solution choisie a le mérite d’être claire : on veut soutenir le développement du foot féminin. Seulement, en privilégiant une application rapide, on risque d’altérer durablement la pérennisation de certaines équipes.
Sur les 36 clubs présents cette saison, les 6 derniers de chaque poule vont descendre et les 3 premiers monter en division 1. Les 15 restants seront alors accompagnés par les 3 relégués de la première division et les 6 nouveaux de la division d’honneur.
Une ligue à 24 plutôt qu’à 36 améliore la visibilité, le traitement médiatique, allège l’écart compétitif, permet d’accroître le niveau réel, le talent et les compétences s’homogénéisent. Par exemple, lors de la professionnalisation du rugby français, la première division était constituée de 24 clubs. Il y en a dorénavant 14 et le top14 est considéré comme le meilleur championnat du monde.
Dans divers domaines des sciences économiques, la taille est un facteur significatif sur le niveau réel. L’économiste Thomas Piketty a débuté ses travaux de jeune chercheur en économie de l’éducation, il s’est rendu célèbre en publiant un article économétrique expliquant que le niveau d’une classe, toute chose égale par ailleurs, était dépendant de la taille de l’effectif.
Plus les élèves sont réunis en petit nombre, à niveau homogène, plus les moyennes générales ont tendance à augmenter. C’est la même chose qui devrait s’opérer en D2 féminine, à travers la réduction de la taille du championnat.
Néanmoins, cette réforme est largement critiquée par certains dirigeants. Ils considèrent que l’augmentation du risque d’échec – 8% initialement, 50% cette saison – va provoquer la disparition de certaines équipes.
Reléguées en division d’honneur, elles n’auront plus les moyens de leurs survies et seront amenées à mourir, à faire faillite, à arrêter la compétition. Seulement, d’un point de vue purement économique, c’est encore bénéfique au niveau global.
Déjà, au XIX° siècle, l’économiste Joseph Schumpeter parlait des « destructions créatrices » : le capitalisme et le marché ne pouvaient pas mourir. À chaque fin de cycle, les intérêts particuliers des agents les conduisaient à chercher l’innovation nécessaire à leur retour.
Ici, le niveau global va mécaniquement s’améliorer. Les plus mauvaises équipes, les plus mauvaises joueuses vont tout simplement disparaitre. Elles n’avaient pas leurs places dans l’antichambre du foot. Et quant à celles qui ont subi une relégation, si elles sont compétentes, elles trouveront forcément un club demandeur.
C’est gagnant-gagnant, les meilleures joueuses pour les meilleurs clubs. Ceux qui disparaissent devaient disparaitre, s’ils étaient encore là c’était uniquement à cause de la taille disproportionnée de la D2.
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